La force de l’Art 01 au Grand Palais

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10 mai – 25 juin 2006
Commissaire d’exposititon Bernard Blistène
©-David-FugèreLe Commissaire d’exposition Bernard Blistène se lance dans la toute première Triennale Parisienne dans ce lieu magique qu’est le Grand Palais

Pour commencer dans quelles conditions s’y rendre ? habillez vous très léger …. chaussures confortables et munissez vous d’un éventail : vous allez vous retrouvez dans un espace de 7000 m2 sous verre, autrement dit une couveuse. Bien que le temps parisien soit maussade et frais à l’extérieur, la chaleur à l’intérieur est insupportable. Je commence cette chronique par ce détail qui n’en n’est pas un car l’inconfort physique confine parfois au malaise tant il y fait chaud et l’on a tendance à survoler les œuvres plutôt que de s’attarder à la compréhension du concept artistique…

Saluons le courage, professionnel et politique, de Bernard Blistène qui a accepté ce challenge –très casse gueule- d’occuper la surface du Grand Palais en un temps record. L’idée est de donner à voir l’art qui se fait, ou s’est fait en France.

Le commissaire général a choisi de déléguer et partager cette charge avec 15 commissaires -critiques d’Art, directeurs de centres d’Art, historien d’Art et un seul artiste- qui avaient carte blanche pour occuper 15 lieux eux-mêmes divisés et confiés à des artistes. Système de délégation arborescente tentaculaire trop vaste à mon sens, qui dilue les responsabilités et donne un sentiment de « c’est pas moi c’est l’autre », dilue et gomme l’intention artistique, l’argument principal si tant est qu’il y en avait un.

Si l’on compare en terme d’importance équivalente de manifestation, je n’ai pas retrouvé au Grand Palais, la cohérence de la Biennale de Lyon qui avait une intention claire, un argumentaire à défendre, un fil directeur.
Ceci dit, il est évident que cette manifestation a le mérite d’exister, ce sont les ratés et les défauts qui font grandir. Il y a à voir, beaucoup à voir dans la couveuse :
L’espace de l’artiste Xavier Veilhan, « le baron de Triqueti », qui rend un vibrant hommage à la statuaire sur un vaste vaisseau/stade jaune avec César, Bertrand Lavier, Calder, Séchas notamment est superbe, touchant et pose la vraie question de la représentation en sculpture et de la place de la statuaire dans notre pays, si l’on compare à des villes comme Chicago par exemple nous avons un siècle de retard…

A retenir aussi la proposition d’Eric Troncy « super défense » qui a conçu son lieu en un chemin cohérent : constat, destruction, chaos, puis renouveau avec notamment la sublime salle blanche ou trône majestueuse la danse (sculptée) de Xavier Veilhan, un très bel homme debout de Gloria Friedmann et un clin d’œil inénarrable de Pierre et Gilles qui nous montrent un immonde portrait du collectionneur et désormais Vénitien François Pinault en capitaine Némo…

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A noter également la salle conçue par le couturier Lagerfeld (?!) Ce sont les fameuses délégations qui délèguent pour déléguer à leur tour dont je vous parlais plus haut et qui donnent donc des résultats inégaux. Mais dans les bons choix la salle Chanel est vraiment bien avec notamment une œuvre de Alain Séchas. Pour le reste cet espace « rose poussière » conçu par Olivier Zham est sans cohérence mais avec de bonne pièces isolées.

La peinture est quantitativement bien représentée comparativement à la photo, grande absente, mais on peut regretter des absents. Dommage, les Desgranchamps ne sont pas les meilleurs. Un très beau Rebeyrolle « les deux amies », un très beau « passeur » de Ronan Barrot, un Judith Reigl et quatre acryliques sous verre de Olivier Mosset, infiniment plus intéressantes à mon sens que les « noirs » de Daniel Walravens

L’espace « Interpositions » de Paul Ardenne, historien d’art, est probablement l’un des plus intéressant en terme de recherche mais il s’agit d’une exposition tout public et je regrette le manque de minimum d’explications écrites, notamment pour la pièce de Loris Gréaud dont on « sent » le sens mais que l’on ne comprend pas.

Magnifiques pièces dans l’espace hétéroclite de Bernard Marcadé : la toujours sublime Annette Messager et son point de vue sur la France, une « tri-projections » très intéressante de Boltanski, une paniquante pièce de Claude Lévêque, la tente de Garouste « Ellipse » sublime et inquiétante, qui nous permet d’entrer physiquement dans la tête, dans l’univers de Garouste, étrange sensation dont j’espère qu’il y aura une suite, le peintre touche là quelque chose d’essentiel, il nous implique dans son œuvre peint, ce n’est pas de la sculpture, c’est encore autre chose..et puis dans les hauteurs les vidéo de l’excellent Fabrice Hyber.

 

Restez en haut, sur cette plate forme appelée « le bar des acariens » de Jean Luc Vilmouth et contemplez. On est suffisamment haut perché pour avoir un point de vue plein d’enseignements, avec un côté maison de poupée dont on s’apprête à bouger les meubles, quelque chose de l’ordre du papier mâché, de l’éphémère, du décor de théâtre. Bizarrement, on a le même principe à la Foire de Bâle, avec la coursive de la partie “Unlimited” et cela donne un point de vue supplémentaire pour mieux voir les installations, mais on n’a jamais cette impression de légèreté, de fragile…..Les métaphores peuvent être nombreuses comme celle aussi plus politique, des marionnettes si l’on considère le commanditaire de cette exposition mais au final qui est là haut perché ?? le spectateur… béatrice chassepot

 

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