Artist File 2008 Au Centre National d’Art de Tokyo, Roppongi

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VIGNETTES JAPONAISES 2008, 2/4
par Valérie Douniaux

« Artist File 2008 », au Centre National d’Art de Tokyo (Roppongi) qui fête déjà son
premier anniversaire, espère être la première d’une longue série d’expositions et se présentait comme un « dossier » sur un groupe d’artistes actuels « représentatifs du présent et du futur de l’art », sélectionnés par les commissaires du Centre National d’Art.

Huit jeunes créateurs (nés entre 1960 et 1978) ont ainsi été choisis et chacun s’est vu attribuer une vaste surface de présentation :

Elina Brotherus, Takefumi Ichikawa, Polixeni Papapetrou, Hiroe Saeki, Hiraki Sawa, Mio Shirai, Masanori Sukenari, Kei Takemura

Il ne s’agissait donc pas ici de confronter divers points de vue, mais plutôt de juxtaposer huit expositions indépendantes, sans souci de cohésion entre les divers styles et discours représentés. Si l’accrochage de chaque partie m’a paru assez satisfaisant, le flou du principe organisateur et des critères de sélection laissaient perplexes, la seule volonté clairement exprimée étant de proposer un portrait de l’art de notre temps.

L’exposition apparaissait en fait comme un véritable condensé des tendances les plus prisées actuellement dans le monde de l’art contemporain japonais, plus que comme un portrait plus général de l’art présent (mais j’ai bien conscience que cela est pratiquement impossible, à part peut-être dans le cadre d’une foire !). Ce n’est donc pas un parti inintéressant en soi, permettant de comprendre aisément “ce qui marche” actuellement, mais s’en dégageait ainsi une fois encore une forte impression de déjà vu.

Notons heureusement ici une belle découverte, le travail de Hiraki Sawa, ci-dessous (qui vit et travaille à Londres). L’artiste a conçu une installation vidéo à l’atmosphère onirique très prenante, un « voyage dans les profondeurs de la mémoire inconsciente », avec une série de larges écrans dispersés dans une grande salle entièrement plongée dans l’obscurité. Une horloge ancienne égrenant les secondes qui passent, un bord de mer au ciel envahi par les oiseaux, un coucher de soleil sur un paysage industriel également en bord de mer, une salle petit à petit envahie par l’eau, une grotte … une manière de filmer élégante et esthétique, sur un rythme très lent, des films tous assez classiques pris isolément, mais dont l’association provoque des instants uniques, chargés de sensations étranges, presque hypnotiques.

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《Hako》2007par Hiraki Sawa six-channel video projection installation, five channel sound, 12’00” music: Takeshi Nishimoto, edited by Dale Berning “Artist File 2008”, The National Art Center, Tokyo, Tokyo, Japan, 2008, Photography: Ichiro Otani

 

Autre technique très en vogue actuellement, la photographie était fortement présente dans la manifestation, avec deux artistes qui font largement parler d’elles en ce moment : la Finlandaise Elina Brotherus et l’Australienne Polixeni Papapetrou. Les “peintures photographiques” de Brotherus et les étranges fillettes de Papapetrou, me laissent assez indifférente, mais me paraissent une fois encore très représentatives des tendances actuelles de la photographie plasticienne.

De même, les minutieux dessins de Hiroe Saeki s’inscrivent dans le goût japonais pour la miniaturisation et la précision maniaque, mais parviennent néanmoins à dégager sensibilité et grâce, avec toujours une certaine élégance. Outre certains sujets qui la relient clairement à la tradition picturale japonaise, l’artiste montre une compréhension toute asiatique de l’équilibre entre vides et pleins, le blanc nu jouant dans ses œuvres un rôle aussi puissant que les tracés qui semblent se développer comme autant de végétaux.

A l’opposé de ces travaux, les gigantesques installations de Masanori Sukenari trouvaient leur place dans les immenses salles du Centre, fascinant par leur puissance tranquille.

Immenses aussi, mais toutes de légèreté arachnéenne, presque impalpables, les sculptures transparentes de Takefumi Ichikawa expriment des notions très japonaises d’éphémère, de la beauté nostalgique de l’action du temps.

Derniers artistes présentés (premiers en fait dans l’ordre de visite) :

  • Kei Takamura qui ressuscite son monde quotidien ou celui de proches, par le crayon, la broderie ou la récupération d’objets,
  • les vidéos et installations de Mio Shirai, personnifient également d’autres tendances fortes de l’art au Japon : d’une part l’évocation d’univers intimes, extrêmement féminins, parfois avec touche d’ironie, et d’un autre côté un sens de l’absurde et de la dérision, exprimée par des installations et projections vidéos faites de bric et de broc, avec un côté joyeusement amateur souvent perceptible (et parfois très agaçant).

En savoir plus sur l’expo: https://www.fabarte.org/dbfiles/mfile/100/135/faba_hiroe_saeki_en.pdf

Valérie Douniaux
valerie douniaux website

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