L’autre face d’Eric Mézan

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© Eric Mézan “L’origine du monde” (jeune femme face à l’oeuvre de Frank Schallmaier)

Photographer & Videomaker, c’est le nouveau titre qu’il faut ajouter au très prolifique fondateur de Art Process. Après avoir défriché le terrain de l’art combiné au business en France, après avoir arpenté les foires d’art du monde, il s’attaque à un projet plus personnel de photographe. A en juger par cette première accroche (ci-dessus) Eric a décidé de s’amuser des moments furtifs qui l’environnent au quotidien.

A l’occasion de sa toute première exposition de photos La Série Internationale #1, nous l’avons interrogé:

BCh: à partir de quel moment vous avez réalisé que vous faisiez plus que de simples photos souvenir ?
Eric Mézan: Disons que c’est Erwin Wurm qui m’a permis d’en prendre conscience de cela, et quelque part je lui suis donc redevable. C’était il y a plus de 10 ans, il avait une rétrospective au Centre National de la Photographie à Paris, qui n’existe plus depuis. Il avait installé un dispositif où chacun pouvait faire son autoportrait en suivant les instructions qu’il avait données par écrit. J’ai trouvé mes photos particulièrement réussies. Puis ensuite j’ai enchaîné les tours du monde des grandes foires et biennales d’art contemporain. Je photographiais et filmais ces instants chargés d’une énergie très particulière, révélant ainsi le visage inhabituel de ces grandes capitales créatives que sont New York, Paris, Berlin, Londres, Moscou, Hong Kong, Tokyo, Miami, Milan… En remontant le temps, je me dis aussi que mes premières photographies autres que des photos souvenirs, je les ai réalisées lorsque j’étais adolescent, armé d’un vieux Kodak, effectuant moi-même le développement et le tirage de mes négatifs, à l’ancienne donc… c’était en 1980.

 

BCh: Pour votre exposition, vous avez dû choisir 50 photos parmi 24000. J’imagine que cela a dû être difficile d’opérer une telle sélection. Aviez vous des critères précis comme une contrainte esthétique, intellectuelle ou bien désiriez vous nous raconter une histoire ? Comment vous y êtes vous pris ?
Eric Mézan: paradoxalement, choisir n’est pas très compliqué pour moi. C’est même un exercice qui me procure un certain plaisir. Cette Série Internationale #1 (The International Series #1) raconte une histoire : 10 ans de voyages avec des collectionneurs, de rencontres, de moments particuliers et intenses, mais aussi des temps d’attente et des regards portés dans les intestices de ces déplacements aux quatre coins de la planète. Il ne s’agissait pas de faire de “belles” photographies, même si je trouve certaines “très belles” ; ce sont plutôt des moments comme saisis au vol, puis parfois je m’amuse aussi à faire quelques photos – cartes postales ou encore du faux Martin Parr, ce sont comme des clins d’oeil. Et puis parfois, je fais des collages et des superpositions, comme cette photographie avec la jeune femme observant la collection de photographies de phallus assemblée par le photographe Frank Schallmaier.

BCh: Etiez vous inspiré par certains photographes lorsque vous preniez vos clichés ?
Eric Mézan: Je l’ai dit précédemment, Erwin Wurm, mais aussi Hans-Peter Feldmann. Paradoxalement, ils produisent des images, mais ne sont pas pour moi des photographes. Sinon, de manière plus classique, et peu originale, c’est souvent à Depardon que je pense, le photographe bien sûr, mais avec cette capacité et ce talent qu’on lui connait à mettre l’image en mouvement. Sa série de films sur les Paysans, c’est quand même quelque chose, sans parler de son film sur la campagne de Valery Giscard d’Estaing, “1974, une partie de campagne”. Son dernier film “Journal de France” (2012) où il est à la fois question de photographie et de cinéma, s’il n’est pas inoubliable, est toutefois un très bel autoportrait de l’artiste et à chaque fois qu’on le voit “faire” une photographie, je me dis “mince, il l’a faite avant moi” !

BCh: Pendant des années vous avez arpenté les galleries d’art, les foirs d’art contemporain pour montrer de nouveaux artistes à vos clients en tant que consultant. Quel effet cela fait de passer de l’autre côté, du côté de la création ?
Eric Mézan: pour être franc, je me suis toujours senti “de l’autre côté”, à savoir du côté de la création et des artistes. Les meilleurs galeristes sont d’ailleurs de ce côté-là. Les autres sont ailleurs, ils se contentent de faire du commerce (et c’est déjà pas mal), des relations publiques ou tout simplement de s’occuper. Pourquoi pas d’ailleurs, c’est parfois très sympathique et léger. J’ai aussi besoin de cela et mes “Grands Tours” du monde des foires et biennales, de vernissages en inaugurations, étaient une façon de satisfaire ce besoin. Mais ces voyages, je les organisais aussi comme des Expéditions, c’était comme partir en mission ! Les collaborateurs qui m’assistaient, agissaient avec la précision et la conviction des agents des forces spéciales. Tout cela, c’était un peu comme une transposition d’une première vie que j’ai eu il y a bien longtemps. Je n’étais ni agent secret, ni dans les forces spéciales, mais disons que j’étais en lien direct et permanent avec des personnes entre la vie et la mort, être artiste (et non pas faire), c’est tout simplement cela pour moi.

propos recueillis par Beatrice Chassepot pour be-Art Magazine le 7 février 2013

INFOS EXPOSITION:
ERIC MÉZAN / La Série Internationale #1
10 ans de photographie au coeur de l’art contemporain
Samedi 23 février de 15h à 21h
Au Studio Bésikian 74 rue du faubourg Saint Antoine 75012 Paris
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Lire aussi sur Art Contemporain.com: https://www.art-contemporain.com/dyn/construct.asp?url=/magart/art-process.htm

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