Annette Messager à Beaubourg

Facebooktwitterlinkedinrssyoutubeinstagram
Facebooktwitterlinkedinmail

6 juin 2007 – 17 septembre 2007
Centre Georges Pompidou/Beaubourg Paris

ANNETTEMESSAGER
articulés-désarticulés, 2002, détails Courtesy © Centre Pompidou Adagp, Paris 2007, photo : André Morin

 

 

L’exposition qui se tient actuellement au Centre Georges Pompidou est la plus belle du moment. Tout le parcours est une histoire de rencontres entre vous et l’histoire racontée. Ouvrez vos chakras et laissez agir les éléments en vous…

En point d’orgue, l’installation “Casino” ( ci-dessous) qui a fait le succès de la précédente biennale de Venise en 2005
Messager Casino

Vous pénétrez dans une vaste pièce aux murs blancs. Tout de suite l’œil accroche sur un immense voile de soie rouge sang posé sur les trois quart du sol qui se meut au gré de l’air qui est propulsé dessous. Là, il faut s’asseoir pour comprendre mieux de quoi il s’agit vous êtes vite bouleversé(e), c’est Racine en trois actes, version 21ème siècle en images, sublime, lisez plutôt.

Premier acte, la naissance : dans le mur du fond, au centre, une ouverture laisse deviner un endroit totalement envahi, du sol au plafond, de cette soie rouge qui bouillonne violemment. Pour ceux qui ont vécu un accouchement, traumatisme physique comme émotions, tout est contenu dans ce bouillonnement : la chair qui s’ouvre, la souffrance, le sang, la panique, l’ampleur de l’événement, la beauté incommensurable tout est là dans ce bout de tissu.

Deuxième acte : l’être né est confronté à la vie.
L’air propulsé depuis cette petite pièce, se répand par saccades sous ce voile fragile, offrant par endroit de grandes bouffées joyeuses ou de petites poussées timides, à l’image de la diversité des êtres humains. Mais l’humain ne vit pas sans ses peurs, elles arrivent par le plafond sous la forme de créatures noires suspendues à des fils.

Troisième acte, la vie s’éteint. Le voile rouge s’agite de moins en moins fort et de façon moins désordonnée. Les peurs retournent doucement dans le plafond, le tissu s’apaisent tout à fait pour ne plus bouger du tout, c’est fini. C’est la paix après le tumulte.

Tout simplement sublime.

annette maessager_parcours expo

Le parcours de l’exposition est composé comme cela, de plusieurs pièces qui renferment chacune une proposition artistique. Le cheminement n’est pas chronologique, mais on peut tout de même considérer qu’il s’agit d’une rétrospective dans la mesure où le spectateur peut sentir une évolution dans le parcours artistique.

 

 

Il est tout à fait passionnant de constater qu’ Annette Messager, à l’image de peintres comme Turner ou Rothko, se débarrasse au fil des années du superflu. Les installations des années 96-98 sont encore encombrées de trop nombreux signes qui nous font aller dans trop de directions. Dans “dépendance-indépendance” par exemple, elle a voulu “tout dire” en une pièce avec en plus un pathos que l’on ressent et qui encombre lui aussi.

Puis, à partir de 2000, les propositions artistiques se simplifient, débarrassées d’un pathos transcendé et du coup deviennent plus fortes. Par exemple, “Les restes, famille II” montre une installation murale composée de “signes” en peluche usée, vidée et exsangue, assez forte et dense. Même chose pour “Gonflés-dégonflés” -2006- pièce hautement sensuelle qui montre une série d’objets faits de tissus soyeux qui respirent, se gonflent de plaisir et s’apaisent. Très forte elle aussi.

Vous l’avez compris je ne peux que vous inviter à vous immerger dans l’univers féminin mais surtout humain de cette magnifique artiste, Annette Messager.

béatrice chassepot
Paris le 2 juillet 2007

voir et lire aussi :


Exposition Annette Messager Courtesy bezombes

Le Monde clik ici pour lire l’article de Philippe Dagen

Facebooktwitterlinkedinmail