ART BASEL 32 – Basel Switzerland

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ART BASEL 32

art basel 32

Cette année c’était la vraie foire, à l’art, ponctuée par pas moins de trois lieux :
Art basel elle même composée du grand bâtiment et de Unlimited, toujours la manifestation Off, Liste, et une petite nouvelle Volta.

Art Basel et Unlimited :

Le marathon commence, je m’équipe de bonnes chaussures aptes à ménager des pieds qui
piétineront pendant huit heures…Deux étages dans le bâtiment principal.

Niveau 2.0

Le rez-de-chaussée reçoit les galeries confirmées. Ici nous parlons business, une galerie confirmée est une galerie qui est et reste chère comme la Galerie Gagosian (NY, Londres et Beverly Hills). La galerie négocie, du fait de ses prix exorbitants, directement avec les institutions comme les Guggenheim muséum de Bilbao, Berlin. Les artistes présentés restent encore ignorés de moi-même pour la simple et bonne raison que les noms sont volontairement absents auprès des œuvres et je n’ai pas la prétention de tout connaître… on peut cependant retenir un diamant vert géant ressemblant au bijoux que nos filles trouvent dans les pochettes surprise, sculpture vert émeraude et or, sorte de lourd volume avec peu de facettes, à l’apparence brillante. Une rumeur bien orchestrée a fait savoir qu’il s’agit de la pièce la plus chère de tout ArtBasel.

La démesure du tout rend cette pièce attractive comme l’on se rendait à la foire pour y voir des gens hors norme.

Pour le reste concernant la Galerie, on peut regretter l’absence de toile de l’excellente Ghada Amer habituellement représentée par Gagosian.

Les autres galeristes de ce niveau ont eu tendance cette année à trop charger leurs stands de toiles et sculptures. Les pièces étant toutes assez bonnes, elles s’éteignaient plutôt que de se mettre en valeur, probablement voulait-on rentabiliser ?

Le niveau 0 a semble-t-il voulu assurer et se rassurer en présentant un nombre important d’œuvres d’art construit : à l’honneur bien évidemment l’incontournable Sol Lewitt. La galerie Fanal de Bâle représentait à mon sens une œuvre tout à fait exceptionnelle de Marie-Thérèse Vacossin quatre longues barres de plexiglas fixées dans un mur, apparemment rien d’extraordinaire, en réalité un fantastique résumé de l’histoire de l’art. De face, les barres sont rigides, fixes et brillantes avec en leur fond du noir par intermittence sorte de toile rappelant Mondrian, si l’on prend le temps de bouger latéralement ces barres deviennent sculpture et le « Mondrian » s’anime, évolue en volume et en couleur (noir et blanc) selon l’endroit où l’on se place. La toile devient sculpture, le figé devient mouvement, c’est à mon sens une des plus belles pièces présentées en art construit.

Louise Bourgeois présente aussi, chez le galeriste Karsten Greve, sa vision de l’art construit par un patchwork de tissus (cravates ?) rayés noir et crème et disposés en rayons, simple et sublime tout simplement. Le galeriste nous présente aussi une tête emboutie de Tony Cragg que nous retrouvons à l’identique mais en marbre plus loin très belle mais presque classique. La galerie parisienne Di Meo présente un beau fusain sur tissus de Nunzio. La Galerie Berlinoise Max Hetzler nous propose une photo impressionniste, vue d’un village péruvien, du toujours excellent Thomas Struth. Et toujours à signaler Alain Clément chez le Galeriste Orangerie-Reinz. Le Galeriste Suisse Pauli (Lausanne) nous propose une technique initiée par Rauschenberg et reprise en la personne de Fabienne Verdier, avec de belles couleurs vives et une gestuelle vive posées sur zinc vernissé. Le mondain Ropac nous présente une magnifique sculpture de Antony Gormley, forme humaine composée de boule de fer soudées les unes aux autres, comme suspendues en l’air ou plutôt comme tombant du ciel, aérien.

Niveau 2.1

Toujours plus amusant que le rez-de-chaussée. Je retiendrai la galerie la plus créative, la Galerie Coréenne Hyundai qui nous présente un choix d’artistes originaux comme les photos de Joosung Bae, des sujets classiques sur lesquels sont collés des films de plastiques peints, très bel effet ; ou encore les animaux animés étranges de U-Ram Choe.

Un courant semble se confirmer au fil des ans, j’ai envie de le nommer le « wallpaping », contraction de wallpaper (papier peint) et de painting, qui consiste à reproduire, en couleur ou monochrome, des motifs floraux naïfs façon papier peint sur lesquels sont collés, dessinés, peints de petites scènes de genre ou motifs géométriques. L’ensemble donne une accumulation d’effets décoratifs qui s’annulent l’un l’autre et finit par produire de l’art. L’on retrouve dans ce courant Pia Fries, Carla Acardi, Jacob Hashimoto, Dennis Hollingsworth, Eue-Ae Seo, Graeme Tod, Makiko Kudo par exemple.

Une autre tendance cette année, le retour du portrait qu’il soit en photo, peint, dessiné, ou encore sculpté.

Le fantastique tien aussi une bonne place. Fantasmes, symboliques en tous genres sont présentés dans des couleurs heurtés sur d’immenses formats, on aurait souhaité une imagination moins convenue ou convenable..

La sculpture tient une bonne place, avec de nombreuses pièces de John Chamberlain, l’inventif Tony Cragg habituel de la foire, Antony Gormley dont j’ai déjà parlé et la très remarquée Berlinde de Bruyckere qui nous présente des personnages « Baconiens » en trois dimensions enfermés dans une boîte, troublant et magnifiquement réalisé. Anish Kapoor présente un érotique marbre rose d’un volume de 10m3 à peu près, représentant sa version de « l’origine du monde », magnifique de sensualité.

Unlimited

Terminer par Art Unlimited est salutaire. Les yeux sont emplis de couleurs, de formes, à la limite de la saturation. Ici l’espace est différent, un immense hangar nous offre la respiration nécessaire. Les créations sont proportionnées au lieu, immenses, le spectateur rentre dedans, les contourne.

J’ai malheureusement oublié (!) le nom de l’œuvre qui suit : je pénètre dans une pièce obscure à la douce odeur de vanille chaude. La lumière vacille puisqu’elle est composée de centaines de bougies parfumées qui brûlent sur une immense plateau de bois. A regarder de plus près, les bougies sont des représentations de bâtiments publics du monde entier, symboles de civilisation, ils se consument doucement, tellement actuel…

Dans la catégorie du n’importe quoi, le body art et ce pauvre homme en cage, trop petite bien sûr, dommage j’avais oublié les cacahuètes…Le sens d’une telle démarche est trop évidente, manque de finesse et de profondeur.

Très bel effet également pour ce tourbillon lyrique de perles qui s’envole dans les airs en tournant, de Lionel Estève pour la Galerie Bernier/Eliades

Spectaculaire vidéo de Daniele Puppi (chez Lisson, Londres), qui présente des mains qui frappent violemment le mur et changent de mur à chaque coup. Belle mise en espace labyrinthique de Daniel Buren (Galerie Continua, italienne) qui semble reconquérir le cœur des galeristes.

ET PUIS…

LISTE

Dans le dédale de ce bâtiment incroyable, malheureusement pas grand chose cette année. Je retiens deux noms cependant :

L’univers de Delia Gonzales qui propose sur fond de laque noire des dessins étranges à la fois visages et insectes déformés et remplis de graphismes (raisins notamment) au crayon gris. Les Bacchanales sont son thème de prédilection, à suivre chez Fonti, galerie napolitaine.

Un autre univers, celui de Matt Bryans, artiste anglais qui découpe des journaux pour en faire des assemblages, des collages, des paysages, regratte, redessine. Le procédé est connu mais les gris sont multiples et l’effet est là, très poétique.

ET PUIS…DONC :

VOLTA SHOW 01

Le pari était risqué pour ces 23 galeries : trouver leur place entre la liste et le mammouth qu’est Art Basel. Pari réussi. Le bâtiment est à taille humaine, l’éclairage est bon, le petit nombre de galeries rend la visite surmontable. L’alchimie a été bonne puisque les galeristes affichaient une énergie et une bonne humeur qui manquaient à la réflexion chez le mammouth. Ils avaient tout simplement envie. Envie de nous parler des œuvres, des artistes, de cette passion qui est la leur. Un bon moment.

Béatrice Chassepot, Paris le 30 juin 2005
PROCHAINS RENDEZ-VOUS

Art Basel / Miami du 1er au 4 décembre 2005
Et
Art Basel 37 du 14 au 19 juin 2006

 

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